Bilan du séminaire de lancement

La Chaire multi partenariale « SAGID+ » a été inaugurée jeudi 9 novembre dans le siège du groupe ACTIBAC (NOREMAT, ACCOPILOT, MANEKO) à Ludres, en présence de Hélène Boulanger Présidente de l’Université de Lorraine, Christophe Choserot, Vice-président délégué à l’Enseignement Supérieur Recherche Innovation de la Métropole du Grand Nancy et Christophe Bachmann, Président du groupe ACTIBAC.

Cette chaire a pour ambition de développer des outils, des méthodes vers une gestion intégrale et durable des dépendances vertes engageant tous les acteurs du territoire. Plus précisément, l’objectif global de la chaire est de développer des outils et méthodes dits « clés en main » capables d’évaluer la durabilité des pratiques mises en œuvre lors du processus de décision, pour ensuite contribuer à (1) l’intégration du métier d’accoroutiste dans les filières de la bioéconomie et (2) à l’évolution des comportements écoresponsables. La chaire SAGID+ bénéficie de l’expertise scientifique de l’Unité de Recherche ERPI (Équipe de Recherche sur les Processus Innovatifs) de l’Université de Lorraine, de l’Unité Mixte de Recherche SILVA, sous cotutelle Université de Lorraine, AgroParisTech, INRAE, l’Unité Mixte de Recherche LORIA (Laboratoire lorrain de Recherche en Informatique et ses Applications) sous cotutelle Université de Lorraine, CNRS, INRIA et de l’ENSGSI. Elle bénéficie également de l’expertise industrielle du groupe ACTIBAC, spécialisé dans la gestion des dépendances vertes par l’intermédiaire des entreprises NOREMAT et ACCOPILOT.

Cette chaire est lauréate de l’appel à projets « Soutien aux chaires industrielles 2022 » de la région GRAND EST. Elle est cofinancée par l’Union Européenne avec le Fonds Européen de Développement régional à hauteur de 409 500 €, par le groupe ACTIBAC et la Métropole du Grand Nancy pour un coût subventionné de 1 094 822 € (coût total du projet avoisinant 2 millions d’euros). Le projet contribue à l’ambition collective « Des Hommes et Des Arbres, les racines de demain », labellisée Territoire d’Innovation et a également obtenu la labellisation « Solar Impulse Efficient Solution Label ».

Soutenu par l’association « Des Hommes et Des Arbres », l’institut Carnot ICEEL et le Pôle EMPP, le séminaire inaugural a été l’occasion d’échanger avec la communauté des partenaires et des parties prenantes autour d’un programme composé des conférences et des ateliers avec les participants.

  • Dépendances Routières et Transferts Hydro-Sédimentaires par Romain Reulier — Maître de conférences en géographie à l’Université de Caen Normandie — Laboratoire IDEES

  • Vers une gestion plus durable des bords de route — Retour d’expériences du département des Côtes-d’Armor par Frédérique Morin — Chargée de Gestion durable des dépendances vertes et bleues du Conseil Départemental des Côtes D’Armor

  • Allées d’arbres — Allées d’avenir par Chantal Pradines - Déléguée générale de l’association Allées-Avenues, spécialiste des allées en France et en Europe

Suite à ces présentations, les participants se sont répartis au sein de trois workshops.

Le 1er workshop, intitulé « Vers une prise de décision partagée : expérimentation d’un outil pour la construction collective de scénarios de gestion des bords de route », a été animé par Manon Enjolras et Mauricio Camargo. Lors de ce workshop, les participants ont pu expérimenter l’outil ConsensUs, une plateforme en ligne pour l’aide à la décision multi-acteurs. L’ambition était la suivante : simuler une prise de décision collective et partagée concernant l’implémentation d’un nouveau scénario de gestion de bords de route au sein d’une commune du territoire. Les 8 participants, représentant respectivement des experts en biodiversité, des acteurs économiques du territoire ou encore des gestionnaires d’infrastructures, ont ainsi pu exposer leurs visions à celles des autres acteurs de la filière et questionner ensemble les enjeux du passage d’un scénario d’entretien traditionnel du bord de route à celui d’un entretien raisonné. En faisant appel à leur propre expérience, ils ont également pu également soulever les contraintes et opportunités liés à la mise en place d’un procédé de valorisation de la biomasse produite lors du fauchage lorsque celui-ci s’intègre dans une dynamique de gestion existante. L’ensemble de ces discussions a été supporté par l’outil ConsensUs, permettant de mettre en évidence les postures et visions de chaque acteur, et ainsi identifier les points d’accord mutuels mais aussi les éléments de divergence critiques à aborder dans les échanges.

Le 2nd wokshop, intitulé « Premiers pas vers un outil d’aide à la décision pour la gestion des bords de route », a été animé par Brice Corrigeux. Ce workshop avait pour objectif de tester et discuter des pistes d’amélioration de la maquette informatique de l’outil SAGID. Après un rapide présentation de l’atelier et des objectifs du développement d’une maquette, les participants ont été amenés à utiliser l’outil individuellement en suivant un guide utilisateur. Cette activité a permis d’obtenir de nombreux retours des participants qui ont globalement apprécié parcourir l’outil qu’ils ont trouvé plutôt ergonomique et joli dans l’ensemble. De nombreuses pistes d’amélioration ont été soulevées par les participants, en voici quelques exemples :

  • La facilité d’accès aux différentes informations

  • La décomposition de la configuration en plusieurs étapes distinctes

  • L’organisation du tableau de bord afin de limiter le nombre d’informations à l’écran

  • L’idée de garder en mémoire les paramètres d’entretien de départ

  • Pouvoir comparer plus rapidement deux plans d’entretien préconfigurés

  • La création de plusieurs modes d’utilisation : découverte, sensibilisation, communication, estimation

L’atelier s’est conclu par une discussion collective autour de l’outil car le temps manquait pour réaliser l’étape de co-conception initialement prévue. Cette dernière étape a permis de faire des liens avec d’autres projets comme la BourSE des services écosystémiques porté par l’association Des Hommes et Des Arbres ou les travaux du Laboratoire Sols et Environnement.

Enfin, le 3ème workshop, intitulé « Prospective : Réflexions autour des leviers et barrières pour les futures filières de valorisation de la biomasse des bords de route », a été animé par Vincent Boly et Fedoua Kasmi. Ce workshop avait pour objectif de discuter des variables susceptibles de favoriser ou de limiter l’émergence de filière de valorisation de la biomasse des bords de route. Une première activité a consisté à questionner les participants sur les leviers et freins à considérer.

Nuage de mots

La mise en place de filières de valorisation de la biomasse des bords de route représente une opportunité cruciale pour aborder les défis complexes actuels. Le climat émerge comme une variable clé, exerçant une influence directe sur la disponibilité et la répartition des ressources naturelles. Les fluctuations climatiques, telles que les changements de température, les précipitations irrégulières et les phénomènes météorologiques extrêmes, peuvent impacter la productivité agricole et la santé des écosystèmes. La raréfaction des ressources, dans un contexte de tensions, suscite des inquiétudes majeures au niveau territorial, susceptible d’inciter l’adoption des politiques de sobriété énergétique. L’évolution des modes de déplacement peut engendrer diverses conséquences dont les impacts restent à préciser, tels que l’influence sur l’emprise de biomasse exploitable au niveau des bords de route ou sur les besoins en biocarburants. La demande en énergie, conjuguée aux dynamiques démographiques, peut façonner l’offre et la demande de biomasse. Les stratégies déployées au niveau territorial peuvent influer sur les filières de valorisation de la biomasse des bords de route. Intégrer la biodiversité et les services écosystémiques dans la gestion territoriale nécessite une approche équilibrée de l’utilisation de la biomasse des bords de route tout en encourageant des pratiques environnementales novatrices. Les évolutions des politiques publiques et des collaborations au sein du territoire peuvent également impacter l’émergence de ces filières. Toutefois, l’efficacité de la valorisation de la biomasse des bords de route dépendra aussi de la maturité technologique et des compétences au sein de la filière. L’ensemble de ces considérations peut influencer les modèles d’affaires associés à la valorisation de la biomasse des bords de route, intégrant les principes de circularité et de sobriété. Par la suite, une attention particulière a été portée sur sept variables issues d’une recherche bibliographique préalablement réalisée et de ces échanges :

  • La disponibilité et la variabilité de la biomasse, qui représentent la quantité de biomasse disponible au sein des bords de route, ainsi que sa fluctuation de cette quantité au fil du temps
  • Le prix de vente de la biomasse herbacée et ligneuse des bords de route
  • Les ressources humaines et financières des collectivités
  • L’évolution et maturité des technologies de conversion mobilisées au sein de la filière de valorisation
  • La main-d’œuvre de la filière, du gisement à la valorisation, questionnant ainsi l’attractivité des métiers de la filière et l’évolution des compétences requises
  • L’évolution des politiques publiques, des lois et des actions gouvernementales pour traiter des questions sociales, économiques et environnementales ou pour atteindre des objectifs politiques précis.

Individuellement, les participants ont évalué si ces variables représentaient un levier ou une barrière pour l’émergence de filière de valorisation de la biomasse ainsi que leurs impacts. Selon cette concertation, la disponibilité et la variabilité de la biomasse semblent impacter l’émergence des filières de valorisation de la biomasse des bords de route. Toutefois, les résultats ne permettent pas d’identifier clairement si cette variable est un levier. Le prix de vente de la biomasse est identifié comme un levier majeur avec un impact élevé, soulignant son importance dans la viabilité de la filière. Les ressources des collectivités sont perçues plutôt comme un levier, bien que l’impact soit considéré comme mitigé. L’évolution et la maturité des technologies de conversion sont clairement identifiées comme un levier avec un impact plutôt élevé, soulignant l’importance des avancées technologiques pour optimiser le processus de valorisation de la biomasse. Les résultats portant sur l’évaluation de la main-d’œuvre de la filière ne permettent pas d’identifier si cette variable est un levier ou une barrière, mais précisent que son impact risque d’être modéré. Cela suggère que bien que la main-d’œuvre soit un élément à prendre en compte, elle ne semble pas constituer un obstacle majeur ou un catalyseur essentiel pour l’émergence de la filière. L’évolution des politiques publiques est identifiée comme plutôt un levier, avec un impact plutôt élevé, soulignant l’importance des cadres réglementaires et incitatifs pour soutenir le développement de ces filières. Enfin, la dynamique du marché de la biomasse est perçue comme plutôt un levier, avec un impact plutôt élevé. Les conditions de marché semblent donc avoir une influence sur la réussite de ces initiatives. Les participants ont également cherché à positionner les variables principales issues de la première activité, à savoir, le climat, le contexte géopolitique et la multifonctionnalité des bords de route. Ils ont estimé que les variables liées au contexte géopolitique et à la multifonctionnalité des bords de route sont considérées comme des leviers dont l’importance est élevée. Le réchauffement climatique semble plutôt être considéré comme une barrière à impact élevé.

Graphique des leviers

Enfin, les participants ont proposé des pistes d’action pour appréhender ses variables dans une perspective de valorisation de la biomasse des bords de route. Parmi ses actions, la gestion raisonnée du gisement des bords de route, le dimensionnement des installations en fonction de la disponibilité des ressources, la mise en œuvre de plan de gestion différencié couplé à la spécialisation des bords de route (espace dédié à la biodiversité, à la valorisation de la biomasse…). Nous tenons à remercier tous ceux qui ont contribué à faire de séminaire inaugural un moment important, et nous sommes enthousiastes à l’idée de se rencontrer à nouveau tout au long de ce projet de recherche.

Brice Corrigeux
Brice Corrigeux
Ingénieur d’études dans le cadre de la chaire SAGID+