Séminaire scientifique: Vers une écologie intégrée des infrastructures: regards croisés sur la gestion des dépendances vertes

La chaire SAGID+ a organisé une journée d’échanges scientifiques autour de la thématique de la gestion des bords de route

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Mercredi 13 mai s’est tenu le premier séminaire scientifique organisé dans le cadre de la chaire SAGID+. Organisé au Lorraine Fab Living Lab, ce séminaire a rassemblé une trentaine de participants, scientifiques, gestionnaires des territoires ou professionnels du métier, autour du sujet de la gestion des bords de route. Le programme de la journée était le suivant :

Conférences (9h00 – 12h30) : interventions d’experts sur la gestion écologique des infrastructures routières et ferroviaires.
Ateliers interactifs (13h30 – 15h30) : discussion sur l’impact des pratiques d’entretien sur la faune et la flore et tests utilisateurs d’un outil d’aide à la décision pour la gestion des bords de route.
Table ronde (15h45 – 16h15) : réflexion collective sur les thématiques abordées lors de la journée.

Lors de la matinée plusieurs experts du sujet se sont donc succédés pour présenter les travaux réalisés :

  • Au-delà de l’écologie, des approches pluridisciplinaires pour la gestion durable des espaces verts par Denis François (Université Gustave Eiffel)
    Denis François, a souligné la nécessité d’une approche véritablement pluridisciplinaire, intégrant dimensions écologiques, sociales, économiques et techniques. Il a présenté les résultats de quelques projets auxquels il a pu participé illustrant pleinement ces différents aspects.

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  • Retours d’expérience sur l’écologie du réseau routier en Suisse par Marguerite Trocmé (Office Fédéral des Routes)
    Marguerite Trocmé, responsable environnementale, a proposé un retour d’expérience sur ses 17 ans de carrière au sein de l’Office Fédéral des routes en Suisse. Sa présentation a permis d’exprimer les enjeux autour de la gestion des bords de route, les contraintes rencontrées ainsi que les actions menées. Les réflexions abordées ont à la fois touchées à des questions d’organisation, de pratiques d’entretien mais aussi de matériel.

  • Principes de bioingénierie pour la conservation de la biodiversité des bords de route par Henrich Reck (Kiel University)
    Le professeur Heinrich Reck a présenté des études réalisées sur l’utilisation d’une espèce de plante, les rhinanthes, pour contrôler la hauteur de la végétation sans intervention mécanique. L’étude a montré des résultats satisfaisant pour le contrôle de la hauteur de la végétation et les effets positifs sur la présence d’insectes pollinisateurs. La difficulté principale rencontrée réside dans le maintien des rhinanthes sur le long terme car l’espèce est très sensible à l’entretien mais également à d’autres paramètres non identifiés. Comme l’a indiqué l’intervenant, le fait que cette technique ne fonctionne pas dans toutes les configurations est sans doute un point positif du point de vue de la conservation de la biodiversité.

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  • Les bords de route : un réservoir de biodiversité ? par Clémence Chaudron (Université de Lorraine – AgroParisTech)
    Clémence Chaudron a présenté ses recherches sur l’impact des pratiques d’entretien sur la biodiversité des bords de route et des lisières agricoles, montrant à la fois le potentiel de ces dépendances mais aussi leur fragilité vis-à-vis des pratiques de gestion.

  • Gestion des plantes invasives dans le réseau ferroviaire par Marie-Anne Dusz (INRAE) & Anne Petit (SNCF)
    Les deux intervenantes ont partagé les résultats d’une expérimentation de traitement de la renouée du Japon par bâchage réalisée en collaboration entre la SNCF et l’INRAE. L’expérimentation réalisée sur le long terme a permis de démontrer l’efficacité de la technique de lutte par bâchage dans l’éradication d’un massif de renouée. Les résultats présentés ont permis de préciser les conditions de réussite de cette technique de lutte ainsi que les impacts sur le sol traité. Il a ainsi été montré que la biodiversité du sol après traitement été assez pauvre et des réflexions ont donc été entamées afin de déterminer les actions à mettre en œuvre suite à ce type de traitement. Des questions sont encore en suspens concernant le coût de cette pratique dans le cadre d’une « industrialisation » et de sa faisabilité à plus grande échelle. Elle semble pour l’instant réservée au traitement de zone à forte sensibilité du point de vue sécuritaire.

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  • Perspective du bord de route comme un écosystème par Ziadany Mayoral (Université de Lorraine) Ziadany Mayoral, doctorante dans le cadre de la chaire SAGID+, a présenté l’avancement de ses travaux de thèse issus de recherches bibliographiques. Les apports de ces travaux résident dans la modélisation du bord de route comme un écosystème où les interactions entre les activités humaines et ses composantes biotiques et abiotiques sont mises en évidence. L’intervention a permis de présenter les concepts théoriques considérés et leur implication dans le modèle visé.

Après la pause de midi, où l’ensemble des participants ont pu profiter d’un buffet froid, le séminaire s’est poursuivi avec la réalisation de deux ateliers organisés en parallèle :

Réflexion méthodologique : comment les pratiques d’entretien influencent les services écosystémiques ?
L’atelier animé par Ziadany Mayoral et Clémence Chaudron, avait pour but de contribuer à la thèse de l’axe 1 du projet SAGID+. Il a permis d’avoir une réflexion entre gestionnaires et chercheurs autour de la méthodologie pour la prise en compte des services écosystémiques rendus par les bords de route. Ces échanges permettent d’avoir une vision pluridisciplinaire des enjeux touchant les services de bords de route. Afin d’aborder la suite de la thèse avec un vision élargie qui prends en compte les possibles limites à faire face lors de cette évaluation.

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Vers un outil d’aide à la décision pour la gestion des bords de route
L’atelier animé par Brice Corrigeux, ingénieur d’études sur le projet SAGID+, avait pour but de confronter l’outil d’aide à la décision en cours de développement dans le cadre du projet à des futurs utilisateurs comme à des utilisateurs n’ayant pas de connaissances spécifiques liées au métier.
L’atelier a permis de recueillir un bon nombre d’avis et de pistes d’amélioration et ainsi de réaliser une nouvelle étape dans la co-construction de cet outil informatique.
Même si l’outil n’est pas encore dans sa forme finale, les retours sont dans l’ensemble très positifs que ce soit sur l’interface ou sur les fonctionnalités. La direction prise est donc validée et les nouveaux développements et les résultats de recherche vont venir se greffer à cette structure déjà existante.

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Pour terminer la journée, les participants ont pu assister à une table ronde de conclusion animée par Mauricio Camargo. Lors de ce moment, Marguerite Trocmé, Denis François et Heinrich Reck ont été invités à discuter des défis institutionnels, organisationnels et opérationnels liés à la transformation des dépendances vertes en leviers de compensation/régénération écologique des territoires. Un accent particulier a été mis sur la nécessité de vulgariser les connaissances et de former les acteurs de terrain pour garantir le succès de ces nouvelles approches.

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Brice Corrigeux
Brice Corrigeux
Ingénieur d’études dans le cadre de la chaire SAGID+