Participation aux Géodatadays 2025

Comme l’année dernière, nous étions de la partie pour rencontrer de nombreux acteurs de la géodata

Du 10 au 11 septembre 2025, le Parc Chanot de Marseille a accueilli la 8ème édition des GeodataDays, l’événement incontournable pour tous les acteurs de la donnée géographique en France. Un rendez-vous annuel qui, avec pour thème “Agir dans un monde en évolution : indispensables geodata”, a mis en lumière la place centrale de la donnée géographique – souvent qualifiée d’“or noir du 21e siècle” – dans la transformation de nos sociétés et territoires.

Secteur en plein essor et enjeux économiques majeurs

Le débat d’ouverture, animé par la journaliste Françoise de Blomac, a établi d’emblée la dimension stratégique de la géodata pour l’économie française. Le secteur représente déjà près de 52 000 emplois, génère 400 millions d’euros de chiffre d’affaires et connaît une croissance particulièrement marquée dans l’agriculture (+8%). Les perspectives sont prometteuses, l’écosystème visant 700 millions d’euros d’ici huit ans.

Cependant, ce dynamisme cache plusieurs défis structurels. Les intervenants ont pointé du doigt l’insuffisance des modèles économiques en place, notamment face à la concurrence des grands acteurs du numérique (GAFAM). Le développement de compétences dans le traitement de la donnée (notamment avec l’essor de l’IA), la nécessité d’améliorer la qualification des données, et l’accès difficile au financement sont également des points de blocage récurrents. Des solutions émergent : les pouvoirs publics sont invités à développer leurs propres schémas économiques autour de la géodata, tandis que des initiatives comme la Tech Sprint de la Caisse des Dépôts proposent de nouveaux cadres centrés sur la résilience territoriale, sous la supervision de l’union européenne.

L’innovation au cœur des ateliers

Tout au long des deux jours, les participants ont assisté à une dizaine d’ateliers dédiés aux principales avancées du secteur, offrant un panorama complet de l’innovation géo-numérique.

SIG et intelligence artificielle : la révolution des workflows

L’atelier DOTIC a exploré l’intégration de l’IA générative dans les systèmes d’information géographique (SIG). Ici, l’IA ne remplace pas les SIG : elle les “augmente”, en introduisant le concept de “Generative Business Intelligence” pour produire de nouvelles analyses à partir des relations sémantiques des données géographiques. Cette solution, conçue pour la sécurité et la performance, s’inscrit dans un processus où les données brutes ne sont jamais conservées : seules les métadonnées sont exploitées, et tout accès se fait en lecture seule. La chaîne de traitement intègre IA, génération de requêtes SQL, analyse de sécurité et implémentation web.

De l’IGN aux acteurs locaux : outils et services à impact

L’atelier IGN a mis en avant un problème central : la dispersion, la standardisation difficile et le manque de coordination des données. L’IGN répond avec des outils adaptés et des méthodes collaboratives inspirées des “communs”. Les priorités sont votées entre acteurs, selon un consensus et la disponibilité des financements. Notre communication auprès de l’IGN a permis de faire ressortir le besoin de cartographie des bords de route comme un besoin pris en compte dans cette démarche. De grands projets sont déjà disponibles ou en cours et on pourrait citer : Panoramax, la BAN (Base des Adresses Nationales), Carte Facile, Foreg ou encore la version 3 de la base nationale des forêts.

Forêts, risques et environnement : géodata au service de l’action

Le volet forêt a montré l’apport décisif de la géodata en matière de surveillance environnementale : du suivi national par télédétection à la veille sanitaire contre les ravageurs, en passant par la cartographie précise des sous-couverts et la modélisation par LIDAR et réseaux de neurones convolutifs. Ces innovations aident à gérer la ressource forestière tout en surveillant le stockage de carbone, un enjeu majeur alors même que la superficie forestière augmente mais que sa capacité de stockage régresse. L’aménagement forestier, bien que coûteux, est confirmé comme levier essentiel pour limiter les incendies. La Base Nationale des Incendies Forestiers (BDIF) prévoit de nouvelles enveloppes de suivi dans un futur proche.

Géodata pour la société : mobilité, patrimoine, sécurité et urbanisme

D’autres ateliers ont apporté un éclairage sur divers usages de la géodata. • Mobilité durable (ECOLAB) : création d’indicateurs multi-échelles pour outiller les territoires vers des transports sobres et efficaces. • Patrimoine urbain (Smart Origin) : gestion et cartographie des arbres et plantations à l’échelle métropolitaine, à l’image des projets Smartrees ou Canope 93. • Sécurité civile : l’usage massif de l’open source dans la lutte contre les feux de forêt, avec la plateforme Nexsis migrée sous OSGeo. • Traitement LIDAR (Mappia) : transformation de vidéos de terrain en images géoréférencées, puis production de plans 3D pour réseaux (gaz, fibre).

Urbanisme et ZAN : réflexions et outils stratégiques

Enfin, la présentation du référentiel stratégique Zéro Artificialisation Nette (ZAN) a illustré l’évolution rapide des méthodes géomatiques. Les enjeux réglementaires ZAN imposent une parfaite connaissance des espaces naturels, agricoles et forestiers (ENAF), via des outils combinant expertise humaine et intelligence artificielle. Les travaux intègrent modélisations spatiales, analyse multi-spectrale (visible, infra-rouge, etc.), et indicateurs fonciers, économiques, environnementaux. Cette approche permet de produire des plateformes multi-sectorielles au service de l’action publique, et d’ajuster la planification urbaine dans une perspective de long terme.

La géodata, levier clé pour l’avenir

La conclusion est sans appel : les GeodataDays 2025 ont confirmé que la géodata possède un formidable potentiel de transformation pour répondre aux défis écologiques et économiques actuels. Cela suppose néanmoins d’accompagner le secteur avec des compétences renforcées, des financements adaptés et une gouvernance collaborative à la hauteur de l’enjeu. Plus que jamais, l’alliance de l’innovation technologique, de la structuration sectorielle et du dialogue multi-acteurs apparaît comme le moteur d’une géographie augmentée, responsable et souveraine.

Brice Corrigeux
Brice Corrigeux
Ingénieur d’études dans le cadre de la chaire SAGID+